Chapitre 5

L’ombre s’étendait sur Ferroka

L’ombre s’étendait sur Ferroka, dense et menaçante, comme un voile de ténèbres prêt à engloutir un royaume autrefois fier et indomptable. Pendant ce temps, dans les profondeurs du royaume martial de Ferroka, le Seigneur de Guerre Kaelos Drak se tenait debout au milieu d’une arène ensanglantée, immobile tel un colosse de pierre. Autour de lui, les cris des spectateurs résonnaient dans le vaste colisée de métal, une cacophonie de fureur et d’excitation. Deux gladiateurs s’affrontaient dans un combat brutal, leurs lames étincelantes se heurtant dans un ballet mortel. Le sang coulait sur le sol, mais Kaelos ne quittait pas des yeux les combattants. Il observait, analysait, jugeant chaque mouvement, chaque décision.

Kaelos n’était pas un homme de longs discours. Pour lui, les mots étaient souvent superflus, des ornements inutiles pour ceux qui cherchaient à masquer leur faiblesse. Il jugeait un homme à son regard, à la force de ses bras et à la fermeté de ses décisions. Pourtant, ces derniers jours, il sentait un malaise s’installer parmi ses soldats, une tension sourde qui semblait se propager comme une maladie contagieuse. Les rapports étaient clairs : de plus en plus de guerriers acceptaient leur solde en SECRET, renonçant aux crédits ferrokiens qui avaient pourtant soutenu l’économie du royaume pendant des siècles. Cette monnaie étrangère, mystérieuse et insaisissable, semblait exercer une fascination dangereuse sur ses hommes.

Pire encore, certaines armureries avaient mystérieusement acquis des armes d’une technologie inconnue, surpassant celles produites dans les propres forges de Ferroka. Ces armes, d’un design étranger et d’une puissance déconcertante, étaient distribuées en secret, semant le doute et la méfiance parmi les rangs de l’armée. Kaelos serra les poings, ses jointures blanchissant sous la pression. Une colère froide montait en lui, mêlée à un sentiment d’urgence. Quelqu’un, quelque part, sapait son autorité, et il ne pouvait l’accepter.

— Qui ose défier mon autorité ? gronda-t-il, sa voix résonnant comme un tonnerre dans l’arène.

Un de ses généraux, un homme robuste au visage marqué par les cicatrices des batailles passées, s’approcha, visiblement nerveux. Il savait que Kaelos n’avait aucune patience pour les mauvaises nouvelles, mais il n’avait pas le choix.

— Seigneur, nous avons intercepté des cargaisons d’armes en provenance de Nyx-Vega, murmura-t-il, évitant le regard perçant de son chef. Elles sont payées exclusivement en SECRET.

— Nyx-Vega ?! rugit Kaelos, ses yeux s’enflammant d’une lueur dangereuse.

Nyx-Vega, la cité-état technocratique dirigée par Vayron Krynn, le Cyber-Sentinelle. Kaelos connaissait bien Vayron, un homme aussi rusé qu’impitoyable, toujours prêt à jouer sur plusieurs tableaux pour servir ses intérêts. Mais lui aussi était candidat pour diriger le monde après le vote qui approchait. Pourquoi risquerait-il de semer la discorde à un moment aussi critique ? Était-ce une manœuvre pour affaiblir Ferroka, ou y avait-il une autre raison, plus obscure, derrière ces agissements ?

Kaelos se tourna vers son général, son regard perçant comme une lame.

— Envoyez une escouade d’élite à Nyx-Vega, ordonna-t-il d’une voix glaciale. Je veux savoir d’où viennent ces armes et qui, exactement, tire profit du SECRET. Et faites en sorte que cela reste discret. Si Vayron Krynn pense qu’il peut jouer avec Ferroka, il va rapidement apprendre à quel point il se trompe.

Le général hocha la tête, puis s’éloigna rapidement pour exécuter les ordres. Kaelos resta immobile un instant, les yeux fixés sur l’arène où les deux gladiateurs continuaient de se battre. Mais son esprit était ailleurs, déjà en train de préparer sa prochaine manœuvre. Il savait que le jeu était en train de changer, que des forces obscures se mobilisaient dans l’ombre. Et il était déterminé à les affronter, quel qu’en soit le prix.

Alors que les cris des spectateurs montaient à nouveau, Kaelos se dirigea vers la sortie de l’arène, son manteau noir flottant derrière lui. Il avait un royaume à protéger, des ennemis à démasquer, et une guerre à préparer. Car dans les ténèbres qui s’étendaient sur Ferroka, une chose était certaine : le Seigneur de Guerre ne laisserait personne menacer son pouvoir. Et ceux qui osaient le défier apprendraient bientôt que Kaelos Drak n’était pas un homme à prendre à la légère.